Le secteur juridique est une des institutions les plus complexes en France. Les différentes professions sont réglementées et répondent pour chacune à un besoin bien particulier du droit français aussi bien pour les particuliers que les professionnels.
Découverte de la LegalTech en France
Définition et présentation de la LegalTech
En France, 7 Français sur 10 considèrent que l’accès au droit est de plus en plus difficile (source : Conseil National des Barreaux, 2019), un véritable labyrinthe dans lequel on se retrouve souvent perdu et c’est justement à ce problème que s’attaquent les start-ups de la Legaltech.
On appelle une LegalTech toutes les entreprises qui apportent une solution technologique à une problématique juridique ou au service du droit. Les start-ups de la LegalTech ont toutes le même objectif à savoir : dématérialiser, simplifier, accélérer et innover.
On peut les segmenter en différents domaines d’intervention :
Par exemple, les Legaltech de gestion et de création d’actes misent sur l’automatisation de la rédaction de documents juridiques. Leur business model repose sur un algorithme qui permet d’associer le bon document (contrats, statuts d’entreprise, etc.) en fonction des réponses à un questionnaire en ligne. A partir de la, ces Legaltech proposent aussi d’effectuer les formalités relatives aux documents auprès des autorités compétentes à la place du client.
Les Legaltech de création et de gestion d’entreprise, quant à elles, représentent 20 % des start-ups du droit. Avec l’attractivité du statut auto-entrepreneur et la démultiplication des créations de start-ups ce pilier est en pleine expansion. Il faut dire que les créateurs d’entreprise et les dirigeants sont souvent confrontés aux démarches administratives dans lesquelles il est difficile de se retrouver. Toutes les étapes et tous les aspects de la vie d’une entreprise sont abordés : rédaction des statuts, immatriculation au RCS, comptabilité, fiscalité, etc…
Histoire de la LegalTech
La LegalTech a débuté dans les années 2000 aux Etats-Unis ou plus de 300 start-ups se partagent actuellement le marché. Bien que ces nouveaux acteurs ont beaucoup fait parler d’eux, cette tendance n’est arrivée que des années plus tard en France.
Les Legaltech ont d’abord commencé à proposer des solutions aux acteurs du marché afin qu’ils les intègrent à leur activité quotidienne. Mais depuis 5 ans, ces jeunes entreprises se lancent en direct sur le marché avec leurs propres services, en remodelant l’offre globale avec leurs codes et de nouvelles tarifications. Ce changement de stratégie explique que le secteur de la LegalTech soit en pleine expansion, et ce de manière accélérée.
Les projets sont de plus en plus matures et l’offre arrive à séduire aussi bien les particuliers que les entreprises. Cela implique bien sûr de nombreux impacts et changements pour les acteurs juridiques traditionnels qui doivent totalement revoir leur manière de travailler.
Les start-up de la LegalTech ne sont plus un simple « phénomène », mais font aujourd’hui partie intégrante du paysage juridique grâce aux outils qui sont déjà indispensables pour les acteurs traditionnels, les particuliers et les entreprises.
Zoom sur l’emploi : Les chiffres d’embauche de la LegalTech
Les profils métiers les plus recherchés dans la LegalTech
Toutes ces entreprises rassemblent souvent des employés aux compétences aussi diverses que variées pour développer ces nouveaux outils technologiques. En dehors des postes transverses en marketing ou en développement informatique, les pépites indispensables au développement du business ont pour la majorité une orientation juridique.
- CFO (Chief Financial Officer)
- Directeur juridique
- Juriste – droit des entreprises
- Juriste – droit des affaires
- Juriste – droit pénal
- Juriste – droit social et relations sociales
- Juriste – droit de la consommation et distribution
- Juriste – droit commercial et RGPD
- Juriste – droit des contrats
- Juriste – droit de la propriété intellectuelle
- Juriste – fiscaliste
- Business Developer
- Account Manager
- Sales Representative
Nombre d’entreprises en France et les tops entreprises Legaltech
En 2018, l’Observatoire permanent de la Legaltech du Village de la Justice dénombre 180 start-ups avec un ralentissement du nombre de créations de start-ups sur ce marché qui arrive à maturité.
Parmi les LegalTech qui sortent du lot on peut retenir les projets suivants :
#1 Doctrine
Domaine : documentation juridique
Mission : Développer le plus grand moteur de recherche juridique à destination des professionnels. Doctrine organise l’information juridique pour la rendre facilement accessible.
Site web : https://www.doctrine.fr/
#2 LegalPlace
Domaine : documentation juridique
Mission : Proposer des documents juridiques aux particuliers et professionnels ainsi qu’un service de mise en relation avec des avocats expérimentés. LegalPlace a digitalisé le processus de création d’actes juridiques.
Site web : https://www.legalplace.fr/
#3 LegalStart
Domaine : rédaction d’acte et de documents juridique
Mission : Accompagner les entrepreneurs et chefs d’entreprise dans leurs démarches juridique de la création d’entreprise au dépôt d’une marque.
Site web : https://www.legalstart.fr/
#4 Captain Contrat
Domaine : Rédaction d’acte et de documents juridique
Mission : Accompagner les entrepreneurs et chefs d’entreprise dans leurs démarches juridiques et administratives.
Site web : https://www.captaincontrat.com/
#5 Hyperlex
Domaine : outils métiers
Mission : Développer un logiciel basé sur l’intelligence artificielle pour simplifier la gestion et l’analyse des contrats.
Site web : https://hyperlex.ai/
#6 EasyQuorum
Domaine : outils métiers
Mission : Simplifier et automatiser les assemblées générales et board.
Site web : https://www.easyquorum.com/
#7 Avostart
Domaine : mise en relation B2C
Mission : Mettre la technologie au service de la démocratisation du droit en permettant aux Français d’entrer en contact avec des avocats pertinents de manière simple et rapide grâce à des algorithmes. La technologie développée par Avostart permet d’aider les utilisateurs à mieux formuler et comprendre leurs besoins juridiques grâce au traitement du langage naturel. Ils seront orientés vers des professionnels disponibles compétents selon le type de requête. Par ailleurs, cela permet également à l’avocat d’être sollicité par des clients dans ses domaines de compétence.
Site web : https://www.avostart.fr
La LegalTech dans le futur
Les Legaltech ont encore de beaux jours devant elles mais elles vont devoir continuer à évoluer pour survivre à une possible régulation comme lorsque le scandale Doctrine a déchaîné les médias en 2018.
En effet, l’excitation liée au bouillonnement général autour de la modernisation du secteur a vite laissé place à une impression de répétition et d’harmonisation des offres proposées. Peu d’entreprises sortent véritablement du lot, la course au référencement payant devient perpétuel et le marché semble déjà saturé pour les LegalTech orientées vers la rédaction d’actes, l’information juridique, la création d’entreprise ou les outils de gestion des dossiers.
Il reste cependant de véritables opportunités du côté de l’intelligence artificielle. Il faut que les nouvelles technologies développées puissent créer plus de synergies avec les humains qui jusqu’à présent géraient les métiers juridiques.
La véritable bataille à livrer pour le futur concerner l’utilisation de l’intelligence artificielle en lien avec la capacité d’anticipation des risques et scénarios qui est au cœur de la profession juridique. La valeur ajoutée d’un juriste ou d’un avocat réside notamment dans sa capacité à se projeter et à conseiller de manière personnalisée leurs clients. Ils sont capables d’anticiper certains risques car ils ont une bonne connaissance de la jurisprudence mais surtout comprennent les pratiques du législateur et les comportements humains.
L’association de l’IA et du Machine Learning pourrait permettre de dégager des tendances et d’analyser des bases de données plus larges afin de prédire plus facilement des conséquences ou des démarches à suivre lors d’une procédure spécifique. Cela permettrait de compléter efficacement le travail des professionnels du milieu et de les laisser se concentrer sur le conseil et l’accompagnement de leurs clients.
Actualité des LegalTech
France Digitale se lance pour faire émerger et accompagner les futurs champions français du secteur avec la French LegalTech. Elle rassemble aujourd’hui 24 entreprises. Le groupe souhaite proposer son expertise en matière d’innovation juridique aux décideurs, tout en menant un dialogue constructif avec les instances représentatives des professionnels du droit. “La France a des atouts formidables pour devenir un leader en matière de LegalTech. En créant un groupe dédié au sein du plus grand réseau de startups et d’investisseurs d’Europe, nous leur donnons les moyens de faire entendre leur voix et devenir nos futurs champions”, ajoute Frédéric Mazzella, coprésident de France Digitale.
Dernières levées
Le barreau de Paris a lui aussi son incubateur ! L’établissement met à disposition un réseau d’experts, des ateliers et la possibilité de participer à des conférences données par des entrepreneurs à succès, le tout à des promotions très sélectives de seulement 4 projets.
En 2018, les investissements dans ce secteur ont atteint 25 millions d’euros en France. Doctrine a, par exemple, réussi en 2018 une levée de fonds de 10 millions d’euros pour continuer à développer son moteur de recherche juridique.
LegalStart a levé en mars 2019, 15 millions d’euros. Cette levée doit permettre de « continuer à investir significativement dans la partie produit, tech, afin d’automatiser et simplifier encore l’expérience utilisateur ». LegalStart se penche dans le développement de la version mobile, qui représente plus de 50% du trafic entrant de la startup. D’autres services devraient être mis en place, dans les domaines du droit immobilier et du droit commercial. Mais l’essentiel de cette levée de fonds devrait être consacré à un recrutement de 40 personnes et au développement d’une solution B2B, destinée aux professionnels du droit (avocats, notaires…) pour accompagner leurs propres clients.
Hyperflex a levé 4 millions d’euros pour accélérer leur développement, aussi bien sur le plan technologique que marketing. «Cette levée de fonds va nous permettre de renforcer notre technologie en intelligence artificielle et de soutenir le développement commercial d’Hyperlex», indique Alexandre Grux, co-fondateur et CEO de la start-up française.
Event
Tout au long de l’année vous pouvez participer à des événements qui mettent en avant les start-up de la legaltech française. Le village de la Legal Tech, VivaTech, MaddyKeynote, LegalTechShow ou encore les incubateurs organisent des conférences et salons à ne pas manquer.
Afin d’approfondir vos connaissances sur les secteurs d’activité du futur, Studymapper vous invite à lire un article sur la WineTech : Découvrez le secteur de la WineTech.
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